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Le blog de Vulcan
21 juin 2005

Chroniques de la haine Ordinaire: La Démocratie

Est-il en notre temps rien de plus odieux, de plus désespérant, de plus scandaleux que de ne pas croire en la démocratie ?

Et pourtant. Pourant.

Moi-même, quand on me demande :"Etes-vous démocrate ?", Je me tâte. Attitude révélatrice, dans la mesure où, face à la gravité de ce genre de question, la décense voudrait que l'on cessât plutôt de se tâter. Un ami royaliste me fasait récemment remarquer que la démocratie était la pire des dictatures parcequ'elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. Réflechissez une seconde : ce n'est pas idiot. Pensez-y avant de reprendre inconsidérémént la Bastille. Alors que, en monarchie absolue, la loi du prince refuse cette attitude discriminatoire, puisqu'elle est la même pour les pour et pour les contre.

Vous me direz que cela ne justifie pas qu'on aille dépoussiérer les bâtards d'Orléans ou ramasser les débris de Bourbon pour les poser sur le trône de France avec la couronne au front, le sceptre à la main et la plume où vous voudrez, je ne sais pas faire les bouquets.

Mais convenez avec moi que ce mépris constitutionnel des minorités qui caractérise les régimes démocratiques peut surprendre le penseur humaniste qui someille chez tout cochon régicide. D'autant plus que, paradoxe, les intellectuels démocrates les plus sincères n'ont souvent pas d'autre but, quand ils font partie de la majorité élue, que d'essayer d'appartenir à une minorité. Dans les milieux dits artistiques, où le souci que j'ai de refaire mes toitures me pousse encore trop souvent à sucer des joues dans des cocktails suintants de faux-amours, on rencontre des brassées de démocrates militants qui préféreraient crever plutôt que d'être plus de douze à avoir compris le dernier Godard. Et qui méprisent suprêmement le troupeau de leurs électeurs qui se pressent aux Belmonderies boulvardières.. Parceque c'est ça aussi la démocratie. C'est la victoire de Belmondo sur Fellini. C'est aussi l'obligation, pour ceux qui n'aiment pas ça, de subir à longeur d'antenne le foot-ball et les embrassades poilues de ces cro-magnons décérébrés qu'on a vu s'éclater de rire sur le charnier de leur supporters. La démocratie, c'est aussi la loi du Top 50 et des mamas gloussantes reconverties en dondon tisanières. La démocratie, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupsonner d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20 h 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, en offrant des automobiles clés en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire.

Cela dit, en cherchant bien, on finit par trouver au régime démocratique quelques avantages sur les seuls autres régimes qui lui font victorieusement concurrence dans le monde, ceux si  semblables de la shlag en bottes noires ou du goulag rouge étoilé. D'abord dans l'un comme dans l'autre, au lieu de vous agacer tout les soirs entre les oreilles, je fermerais ma gueule en attendant la soupe dans ma cellule aseptisée. Et puis dans l'un comme dans l'autre, chez les drapeaux rouges comme chez les chemises noires, les chefs  eux-même ont rarement le droit de sortir tout seuls le soir, pour aller au cinéma, bras dessus, bras dessous avec la femme qu'ils aiment. Les chefs des drapeaux rouges et les chefs des chemises noires ne vont qu'au pas cinglant de leur bottes guérrières, le torse pris dans un corset de fer à l'épreuve des balles et de l'amour..

Ils vont, tragiques et le flingue sur le coeur. Ils vont, métalliques et la peur au ventre, vers les palais blindés où s'ordonnent leur lois de glace. Ils marchent droit sous leur casquettes, leurs yeux durs sous verre fumé, cerné de vingt gorilles pare-choc qui surveillent les toits pour repérer la mort. Mais la mort n'est pas aux fenêtres des rideaux de fer. Elle à trop peur. La mort est sur Stockholm. Elle signe, d'un trait rouge sur la neige blanche, son aveu d'impuissance à tuer la liberté des hommes qui vont au cinéma, tout seuls, bras dessus, bras dessous, avec la femme qu'ils aiment jusqu'à ce que mort s'en suive.

                        Pierre Desproges

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Commentaires
E
euuuu moi aussi je peux t'en sortir des citations naa :p ba laisse moi reflechir et je trouverai bien .. 8-)
V
Bienvenue Caro ;) !!
C
Dans un régime fasciste, on n’apprend pas "je suis, tu es" mais "je hais, tu suis” (Marc Escayrol)
V
CCCP, ton pseudo en dis long sur tes affiliations politiques extrême gauche. Héhé .. ;)<br /> <br /> Bon je crois que le sytème social le plus stable après celui des fourmis reste le système tribal indien d'amérique du nord : parfait équilibre entre spirituel (rites rituels croyances) et matériel ( taches quotidiennes, répartition eds fonctions). Bon, ce sont peut être des barbares, mais ils ont eu très tôt un exellent précepte : D'abord la tribu, ensuite la famille, ensuite l'individu. Ce qui serait impossible à obtenir de nos jour dans une société aussi diversifiée que la notre, où tout nous échappe et où nous n'avons aucun contact palpable avec nos chefs. Je veux bien aider pour rendre le monde meilleur, mais il parait que le meurtre est illégal. Qu'il se démerdent.
C
ok sur ce que tu dis sur la democratie, et le meilleur exemple est la victoire de bush aux dernieres elections us, mais malheureusement je pense que c'est le moins mauvais des systemes.De toute façon ceci est un debat qui ne nous concerne pas.
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